Le biais de confirmation et la bulle de filtres

Salut Fiston ! 

Aujourd’hui je vais te parler d’extra-terrestres, de cerveau paresseux et de réseaux sociaux. 

Le biais de confirmation et la bulle de filtres (ou comment rester coincé dans ses certitudes). 

Ton cerveau est une machine extraordinaire. Si tu t’intéresses un peu à lui, il y a de quoi avoir le tournis. Par exemple, il comporte 86 milliards de neurones. On est tellement habitué à voir de gros chiffres qu’on ne se rend même plus compte de ce que c’est. Alors, pour comparer, imagine que chaque neurone mesure un millimètre. En les mettant bout à bout, tu pourrais faire le tour de la terre. Deux fois. Et aller en Chine en plus. 

Les synapses sont les connexions nerveuses entre les neurones. Leur nombre est encore plus vertigineux : 10 000 milliards… dans un centimètre cube. Si l’on reprend l’exemple de la longueur et qu’on représente chaque synapse comme 1 mm, tu pourrais rejoindre la lune et revenir. 13 fois. Quand tu sais que ton cerveau fait environ 1250 cm³, ça devient complètement fou, non ?

Les biais cognitifs : est-ce que tu biaises ? 

Pourtant, cette folle machine n’est pas exempte de défauts. Et parmi ceux-ci, on trouve les biais cognitifs. Ouch, le mot savant. En fait, c’est très simple. Il s’agit de toute une série de comportements de la pensée ou de réactions qui ne sont pas rationnels ou qui déforment notre réalité. Ils ne sont pas conscients et ils t’influencent malgré toi. 

Si tu te souviens de l’épisode sur « comment et pourquoi retenir les prénoms », je t’ai expliqué que la première impression que l’on a d’une personne est souvent celle qui reste longtemps. Si une personne te fait mauvaise impression la première fois, tu auras du mal à t’ôter cette idée de la tête. Et cela, même si tu la rencontres plusieurs fois ensuite et qu’elle semble totalement différente. Il s’agit d’un exemple de biais d’ancrage, qu’on appelle aussi “l’effet de primauté”. 

Aujourd’hui, j’aimerais te parler d’un autre biais, celui de confirmation. Et je vais même en profiter pour t’expliquer comment les réseaux sociaux t’embobinent et te manipulent avec l’effet bulle. 

Le biais de confirmation, tu y crois toi ? 

En bon amateur de la série X-Files, tu connais sûrement la Zone 51 ? Il s’agit d’une base militaire ultra-secrète aux États-Unis. Sur cette base, les militaires testeraient des appareils expérimentaux. Mais on raconte aussi que des débris de soucoupes volantes s’y trouvent. Voire que c’est un lieu où les extra-terrestres et l’armée seraient en relation. En tout cas, beaucoup de personnes en sont convaincues. 

Selon que tu crois ou non à l’existence des petits hommes verts, tu vas interpréter les données que tu peux lire sur cet endroit différemment. Par exemple, si tu crois en l’existence et au contact avec nos voisins de l’espace, tu peux penser que les pistes d’atterrissage et de décollage servent aux vaisseaux spatiaux. 

Dans le cas où, par contre, tu n’y crois pas, tu peux juste imaginer que l’armée y teste les derniers bijoux technologiques qu’ils ont développés et qu’un avion a besoin d’une piste pour décoller. 

Si maintenant je te demande pourquoi personne n’arrive à pénétrer dans cette zone et que les militaires pourraient même t’abattre dans l’éventualité où tu tenterais le coup ? Tu penses à quoi ? 

Je serais curieux t’entendre ta réponse. Mais il y aura deux camps. Le camp des amateurs d’ET qui te dira que le gouvernement nous cache l’existence de ceux-ci et veut nous empêcher à tout prix de connaître la vérité. Et le camp des gens qui penseront juste que l’armée souhaite éviter l’espionnage sur ses nouvelles armes. 

Où est la vérité à ton avis ? On ne le sait pas. Mais on aura quand même tendance à faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre selon nos croyances. Pourtant, très peu de personnes disposent d’assez d’information pour trancher. Mais on choisit de retenir ce que l’on veut. 

Le biais de confirmation, c’est cela. La tendance à croire les choses qui vont dans le sens de notre croyance et à réfuter ou mettre de côté celles qui n’y vont pas. 

D’ailleurs, je peux te trouver plein d’autres exemples plus terre à terre. Un climatosceptique utilisera le fait qu’il y a 4 ou 5 jours de gel l’hiver pour pouvoir dire que le réchauffement climatique est de la blague. Par contre, il mettra bien de côté les incendies de forêt ou les inondations. Il se dira presque inconsciemment que cela n’a aucun rapport et que cela arrive naturellement. 

Et entre deux articles, l’un qui va dans son sens et un autre qui va à l’encontre de ce qu’il pense, il lira d’abord celui qui renforce son côté sceptique. Et sûrement qu’il ne survolera même pas l’autre. 

En fait, ton cerveau est paresseux et aime le confort. Il va couramment se diriger vers les informations qui confirment ses propres croyances, car en changer demande beaucoup d’énergie. Et plus ces croyances sont ancrées profondément, plus il sera compliqué de les changer. 

Voilà pour le biais de confirmation. Mais qu’est-ce que la bulle de filtres ? 

La bulle de filtres : on est bien dans sa bulle, non ?

Les réseaux sociaux vont utiliser le biais de confirmation à ton insu. 

Tu penses qu’il n’y a aucun rapport ? Alors, il faut que je t’explique le fonctionnement de leurs algorithmes. 

Le but des réseaux sociaux est de te faire rester le plus longtemps possible sur leur plate-forme. Je me doute que tu le sais déjà, mais c’est pareil aussi pour Netflix par exemple. 

Tu as dû remarquer qu’il était très compliqué de reposer son GSM lorsque l’on commence à surfer sur YouTube, Insta ou TikTok. C’est bien simple, chaque réseau dispose de renseignements sur toi. De beaucoup de renseignements. Si tu as entendu parler du scandale de Cambridge Analytica lors de l’élection de Trump, cette société se vantait de disposer de 5.000 points de données par Américain. 

En fait, ces sociétés savent exactement ce que tu as envie de voir et vont donc te le proposer encore et encore. 

Comment les réseaux t’enferment dans ta bulle ? 

Si tu regardes une vidéo YouTube, tu as dû remarquer que, par défaut, l’application te propose une nouvelle vidéo qui a un lien avec celles que tu as déjà regardées auparavant, même lointain. C’est la même chose avec les Stories sur Instagram ou les vidéos TikTok. 

En fait, à chaque fois que tu zappes une vidéo, tu vas affiner la connaissance qu’ils ont de toi. L’algorithme va de mieux en mieux te connaître et va savoir ce qui va t’attirer pour te faire rester sur l’application. 

Pour Netflix, c’est un peu la même chose. Tu as dû remarquer que l’application te propose toujours plus ou moins le même type de film ou de série. C’est tout simplement parce que c’est apparemment ce qui te plaît. 

Tu peux aussi faire l’expérience avec Google. Demande à quelqu’un de faire exactement la même recherche que toi et tu verras qu’il n’aura pas le même résultat au niveau des pages proposées. Google va personnaliser les articles qu’il te propose en fonction de tes recherches et de ton profil

Ce serait en tout 57 critères différents que Google va analyser avant de te donner la page de résultat. Si tu veux en savoir plus, je te laisse en commentaire de l’épisode et sur le site un lien vers une conférence TED de Eli Pariser qui en parle. Rassure-toi, elle dure moins de 10 minutes.

 

Garder l’esprit ouvert sans se casser la tête

Tout cela, finalement, peut te faire dire que ce n’est pas mal qu’on te propose des choses que tu aimes. Le problème vient que les réseaux sociaux font la même chose avec les idées. Cela devient donc très difficile de faire une recherche objective.

Lorsque tu es entouré des mêmes idées que toi, tu arrêtes de t’ouvrir au monde. Tu ne comprends plus les opinions des autres. Pire, tu pourrais croire que personne ne pense autrement que toi. Tu ne mettras plus jamais en doute aucune de tes certitudes puisque tu auras l’impression que tout le monde pense la même chose que toi.

C’est comme si, en allant à la bibliothèque, on ne te permettait d’accéder qu’à certains livres sur un sujet et pas aux autres. Tu devrais être libre de lire ce que tu veux. Et ne pas laisser un algorithme te dicter ce que tu dois penser.

Alors, cette semaine, porte ton attention sur ce que les réseaux te montrent ou ce que te propose Google. Demande-toi si c’est réellement l’information que tu cherches ou celle que Google pense que tu souhaites lire.

Développe ton esprit critique, c’est encore le meilleur moyen de comprendre et d’approcher au plus près de la vérité de chacun.

D’ici là, sois curieux et rends-toi heureux.